Vue sur une revue de presse
Par Touline le 24 mars 2008, 13:28 - Le futur s'ancre sur le passé - Lien permanent
Avant l’heure (est-ce le web 2.0 ?) où l’on peut choisir de recevoir l’information avant même qu’elle ne paraisse, il était des temps héroïques où faire une revue de presse tenait autant du bricolage que de la lecture rapide, de la recherche d’information ou de la synthèse.
Quelques rappels pour ceux qui me disent gentiment : « Yavéka lire les journaux, c’est tout » :
Arrivée matinale, les journaux sous le bras, direction le photocopieur (N&B, A4, sans réduction, un vrai ichthyosaure …) dûment armée de ciseaux, colle, scotch, feuille blanche…
Avec l’habitude, les informations économiques des journaux locaux étaient faciles à repérer, en revanche la sélection plus épineuse dans la presse nationale, les centres d’intérêt de la structure étant multiples.
La conservation de l’intégrité de la source interdisait la découpe directe de l’article : copie, redécoupage, collage… pour faire tenir un article sur une page, la ruse, voire le jeu de piste, était souvent de rigueur : les typographes d’un certain quotidien national affectionnaient les bouts de colonnes renvoyés page suivante ou les articles en L. D’autres hebdomadaires industriels utilisaient un format tout juste supérieur à l’A4, histoire de compliquer les choses à dessein… et même en écrasant la reliure… il manquait toujours la première lettre de la première colonne….
Après pas mal d’énervement, de coups de ciseaux, de ratés, de collage, les mains étaient noires, le capot du photocopieur également, mais « l’original » de la revue de presse était prêt à être photocopié pour quelques directeurs dans les étages, le commun n’ayant que la synthèse qui restait à écrire et à faire taper (j’avais à l’époque une secrétaire qui s’accrochait à sa vieille machine à écrire et refusait de se mettre au bon vieux DOS, autre ptérodactyle…).
Aujourd’hui, la souris a remplacé le ciseau, le http a remplacé l’odeur de l’encre d’imprimerie, le clic a remplacé la découpe,
Aujourd’hui, plus besoin d’attendre la revue de presse pour connaître les nouvelles du monde ou du voisin, il suffit d’ouvrir son ordinateur,
Mais aujourd’hui, il est interdit de photocopier les articles gratuitement, le CFC (Centre Français d’Exploitation du Droit de Copie) y veille.
Aujourd’hui tout le monde peut facilement mettre en ligne sa propre revue : de presse, de sites internet, de blogs, de vidéo...
Mais aujourd’hui, faire une vraie revue de presse, avec lecture, sélection, tri, analyse, et rédaction d’une synthèse, reste un talent et/ou une compétence professionnelle. Exemple ? Suivez ce lien, tout simplement…
Commentaires
Exactement (pour le lien!). Merci de cet article intéressant, qui me rappelle à moi aussi des souvenirs
Ah, très drôle, c'est tout à fait ça, les temps antiques du "copier-coller" manuel !
Et pour la petite histoire, au début de mon expérience professionnelle il y a cent ans environ, j'ai été assistante de direction dans une fédération d'associations. A 21 ans, on m'avait donné la responsabilité de 5 secrétaires dont la plus jeune avait 28 ans et la plus âgée... 68 ! Grosse épreuve, car pour ne pas les brusquer, il ne fallait surtout pas leur dire que j'étais leur responsable, toutefois je devais leur donner des instructions voire des ordres... Simple, non ?
Cette fédération éditait en particulier un bulletin hebdomadaire et il fallait taper, à la machine à écrire électrique (on en était aux balbutiements de la machine à traitement de texte avec la petite ligne de texte digital qui s'affichait entre le clavier et le chariot), des stencils (ça rappelle quelque chose à quelqu'un ?) permettant ensuite l'impression des textes... et ma petite dame de 68 ans avait refusé, comme la tienne, Touline, de se moderniser : elle utilisait une machine à écrire mécanique ! paradoxalement, c'est elle qui faisait le moins de fautes de frappe.
Mais elle fut longue à dérider : avoir pour chef une petite jeune, ça ne lui disait rien de bon ! Cette expérience de 18 mois s'est révélé être une excellente école de patience et de diplomatie...
Quand je suis arrivée dans mon 1er job, existaient encore ces superbes machines à écrire !
Je me demande comment on faisait ; ces méthodes paraîssent tellement archaïques. Mais au moins faisait-on un peu de travail manuel....
Oui bravo pour l'exemple de revue de presse.
Bel article qui nous réveille bien.
Tel l'enfant terrible, je viens de me risquer à une "revue de presse" sans analyse ni synthèse ni talent, mais juste pour tenter d'utiliser le code html dans un billet et construire un menu déroulant...
Et YESSSSSSSS !
je crois que j'y suis arrivé !...bon, c'était vraiment pour le "fun"...
@Véronique : contente d'avoir la même vision !
@Béa : c'était le vrai copier-coller, maintenant il est virtuel ! Quant à ton aventure responsable d'un secrétariat sans le dire, j'ai eu le même plan très récemment ! Si en technique les choses ont changé, en management pas forcément...
@Carole : on se débrouillait pas si mal à l'époque, non ?
@Christian : ta revue de presse a un autre talent ! Génial pour un enfant terrible...
Super vrai: la compétence, c'est ce qui reste quand tout bouge!
Touline, pour faire référence à mon papier sur les bim en voiture; tu me dis que tu n'as aucun problème pour les créneaux, et ben, c'est marrant, parceque c'est pareil pour moi et j'adore tellement les faire que je cherche des créneaux difficiles.
Les êtres humains sont bizarrement faits quand même!!
Oui, Touline, on se débrouillait bien, mais je préfère l'époque actuelle !
Moi aussi !
Heureusement pour les nostalgiques du découpage, le scrapbooking est là ! (quoique je crois qu'il est numérique maintenant lui aussi)
Mais plus sèrieusement tu as raison de rappeler le boulot que c'était. Et maintenant où c'est devenu tellement facile, c'est effectivement la qualité de l'analyse qui fait la différence et ça, c'est loin d'être simple !
Je ne regrette pas ces découpages horripilants (pas fan de scrapbooking...), mais voulais effectivement souligner la nécessité d'une vraie analyse... et si j'osais je dirais comme tu sais si bien les faire Valériane !